Friday 25 September 2009

faber: la prochaine crise sera la fin du capitalisme


L’homme d’affaire Marc Faber, réputé pour ses prises de positions iconoclastes, ne croit pas à la solidité de la reprise, car le problème de la bulle d’endettement n’est pas réglé, dit-il, bien au contraire. L’apparente prospérité économique de ces dernières années était bâtie sur un empilement de dettes toujours plus haut et de plus en plus instable, augmentant sans rapport avec la croissance de l’activité économique. Pourtant, cette évidence a continué d’être superbement ignorée par les banquiers centraux - et la grande majorité des économistes - dont la seule préoccupation en matière de politique monétaire restait l’inflation « classique », attribuée aux augmentations de salaires en période de surchauffe. Le modèle économique en vigueur, tout en affirmant que l’excès de monnaie produit de l’inflation, se désintéresse des effets de la création monétaire résultant du crédit. Pourtant, ces dernières années, c’est l’afflux d’argent dans les circuits financiers qui a tiré l’économie américaine. Avec pour résultat une autre forme d’inflation, celle-là non seulement parfaitement tolérée, mais saluée comme une preuve de la bonne santé du système : celle des actifs. Ce sont les revenus tirés de la spéculation boursière et de la hausse de l’immobilier, associés à un endettement croissant, qui ont soutenu la consommation, pas l’activité de l’économie réelle, de plus en plus délocalisée. « Les profits des entreprises ne peuvent croitre indéfiniment plus rapidement que le PIB, pas plus qu’on ne peut avoir indéfiniment une croissance du crédit plus rapide que celle du PIB nominal. » rappelle Marc Faber. Et selon lui, le déclenchement de la prochaine crise n’est qu’une question de temps.

Marc Faber répond aux questions de Bloomberg TV, 22 septembre 2009
(...)
Si vous étiez le gouverneur de la Fed, vous préoccuperiez-vous uniquement de l’inflation pour déterminer votre politique monétaire et vous désintéresseriez - vous complètement de la croissance du crédit, sans jamais la mentionner dans vos discours et publications, même si cette croissance du crédit et de l’effet de levier est supérieure à la croissance économique ?
...
La raison pour laquelle ils ne s’en sont pas préoccupés c’est qu’à l’exception de quelques rares économistes, comme John Taylor, [ ce n’est jamais mentionné ]
Si vous lisez l’article récemment publié par Krugman - 6000 mots - où il accuse les autres économistes : « comment ont-ils pu se tromper autant ? » (il aurait du titrer « comment ai-je pu me tromper autant »...) en fait, dans tout l’article il ne mentionne jamais la croissance excessive du crédit, ou l’augmentation excessive de l’effet de levier. Pas une seule fois.
Les économistes américains, à la Fed, au Trésor, y compris M. Greenspan, et dans l’université, négligent complètement cette croissance excessive du crédit, à l’exception de gens comme Robert Schiller, John Taylor...
Question : que faudrait-il faire aujourd’hui ? (...)
Je veux faire les observations suivantes : (...) si vous avez un problème du à une croissance excessive du crédit, d’un niveau excessif de l’endettement dans le système, vous ne pouvez pas résoudre ce problème en empilant encore plus de dettes, c’est-à-dire en monétisant la dette ou en créant de nouveaux déficits budgétaires. Vous retardez le problème. Le problème que j’ai avec cette reprise [économique] ... si on monétise, le cours des actions peut encore monter jusqu’à des sommets, comme au Zimbabwe ou dans la République de Weimar, mais on ne fait que retarder le problème, jusqu’à ce que la crise ultime survienne. Et cela arrivera un jour.
Question : (...) que sera la prochaine crise, et quand devrons nous nous préoccuper des niveaux extrêmes [d’endettement des USA] (...) ?
C’est la difficulté. Nous avons une dette supérieure à 375% du PIB.... nous pouvons aller à 400%, 500%... si on monétise.
Les profits des entreprises ne peuvent croitre indéfiniment plus rapidement que le PIB, pas plus qu’on ne peut avoir indéfiniment une croissance du crédit plus rapide que celle du PIB nominal.
L’heure de vérité arrivera un jour. Je ne sais pas si c’est demain ou dans 3, 5 ou 10 ans, mais la prochaine crise abattra le système capitaliste dans son ensemble.
Question : vous en êtes sûr ?
Oui, [elle abattra] Bloomberg, moi-même et tout le monde....
(...)
On ne peut pas réduire le déficit budgétaire car cela provoquerait une contraction de l’activité économique.
Avec la réduction du déficit de la balance des paiements, la monétisation devra se poursuivre aux USA, car il y aura moins d’achats des bons du trésor par l’étranger.
Les achats par l’étranger ont ralenti, sinon le dollar monterait et ne baisserait pas. La faiblesse du dollar est un symptôme de l’inflation [existant] dans le système. (...)
Lorsqu’il y a de l’inflation, définie en terme de croissance de l’offre de monnaie et de croissance du crédit, les monnaies s’affaiblissent.
Les autres pays font la même chose. Les USA ne sont pas les seuls [dans cette situation]. Les banquiers centraux sont tous dans le même bateau. Ils n’ont qu’une seule recette qui est d’imprimer de l’argent.
(...)

Publication originale Bloomberg via Information Clearinghouse, transcription Contre Info

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