Friday 24 May 2013

risk of civil war in irak. lebanon, jordan and turkey

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http://www.lorientlejour.com/article/815848/-entre-tripoli-et-qousseir-un-lien-occulte.html

Entre Tripoli et Qousseir, un lien occulte 

Scarlett HADDAD
24/05/2013

Éclairage
 
Depuis plus de cinq jours, Tripoli est plongée dans une véritable guerre qui ne veut pas encore dire son nom. Au début, les médias ont voulu croire qu’il s’agissait des rixes habituelles entre deux quartiers en conflit depuis plusieurs décennies, sur fond de réaction impulsive à la bataille de Qousseir et aux succès enregistrés par l’armée syrienne, aidée par le Hezbollah. Mais cinq jours plus tard, il faut revoir cette approche. Ce qui se passe à Tripoli n’est ni une rixe banale ni une réaction impulsive, mais bien un des épisodes de la guerre sans merci qui se déroule en Syrie. Selon un notable de la ville, les seuls qui ne veulent pas la guerre sont les Tripolitains. Sinon, toutes les parties locales et régionales poussent vers les affrontements. Et la voix de la population est toujours celle qu’on entend le moins, quand les canons commencent à vomir leurs engins de mort et de destruction...

Les affrontements à Tripoli ont donc commencé avec le début de l’avancée de l’armée syrienne à Qousseir, mais il ne s’agit pas d’une réaction impulsive. C’est plutôt une riposte bien étudiée qui a plusieurs niveaux de lectures. Selon un cheikh « neutre » de Tripoli, une des premières raisons des derniers affrontements résiderait dans le fait que les groupes islamistes de la ville ont envoyé des combattants à Qousseir dont bon nombre d’entre eux sont morts. Il faudrait donc enflammer les esprits pour justifier ces morts et aiguiser les haines pour empêcher leurs familles de se poser des questions. Cela, c’est le premier niveau.

 Au deuxième niveau, les affrontements de Tripoli auraient une dimension politique interne. Ils seraient ainsi destinés à faire pression sur les tractations politiques pour tenter d’obtenir la formation d’un nouveau gouvernement en contrepartie de la prorogation du mandat du Parlement, car dans l’esprit de certaines forces influentes à Tripoli, la prorogation du mandat parlementaire serait une concession au tandem chiite Amal et le Hezbollah, et à Nabih Berry en particulier, que le 14 Mars ne veut plus réélire à la tête du Parlement s’il remporte les élections législatives. Il faut donc une contrepartie qui serait la formation d’un gouvernement sans le 8 Mars et ses alliés, que ces derniers bloquent actuellement en réclamant un gouvernement regroupant toutes les parties avec une participation proportionnelle au poids parlementaire de chacune d’elles.

Le troisième niveau de lecture est plus régional et expliquerait les combats persistants à Tripoli par une volonté arabe de punir l’armée syrienne et son allié le Hezbollah en faisant du Nord une région hors du contrôle de l’État et en particulier de l’armée libanaise. Ce serait pour cette raison que dans ce « round », les combattants ont sciemment tiré sur l’armée libanaise qui tentait de s’interposer entre les belligérants et de répondre aux sources des tirs, faisant plusieurs morts parmi les soldats. Les combattants de Bab el-Tebbaneh ont ainsi commencé par tirer en direction de Jabal Mohsen, l’enclave alaouite de la ville, pour canaliser la colère de la rue sunnite après la percée de l’armée syrienne. Bien entendu, les combattants de Jabal Mohsen ont riposté, car ils ont beau être encerclés, ils n’en sont pas moins armés et bien préparés à toutes les éventualités. L’armée a tenté d’intervenir et elle est devenue la cible des combattants. Il ne s’agit pourtant pas d’une bavure, mais d’une attaque systématique qui n’a qu’une explication : la volonté de neutraliser l’autorité de l’armée à Tripoli et peut-être dans tout le Nord. Les combattants de Jabal Mohsen ont poursuivi leur riposte en lançant des obus sur le cœur de la ville avec un message clair : vous pouvez peut-être tenter d’envahir Jabal Mohsen, mais cela vous coûtera très cher. En même temps, ils ont poussé l’armée à assumer ses responsabilités en imposant le retour au calme. Mais les tirs contre la troupe se sont poursuivis, accompagnés d’une campagne politique contre elle, menée par des figures islamistes qui ont contesté à la fois son rôle et sa mission. Au point d’ailleurs que, pour éviter d’être la cible des combattants, l’armée a donné l’ordre de retirer les soldats des rues. En dépit des déclarations officielles, la couverture politique qui lui est donnée semble insuffisante et il est clair que les responsables politiques de la ville l’assurent de leur appui, tout en laissant en douce la voie libre aux combattants, croient savoir les milieux proches du 8 Mars.

Tripoli contre Qousseir, ce serait, donc, aux yeux de certaines sources de la ville, l’équation actuellement en voie de réalisation. Il s’agirait donc de livrer la capitale du Nord et sans doute le Akkar aux groupes islamistes appuyant l’opposition syrienne, et la fameuse zone tampon que l’opposition a tenté d’obtenir depuis le déclenchement des troubles en Syrie, il y a deux ans, serait ainsi en train d’être réalisée au Liban. Pour cela, il est important de neutraliser le rôle de l’armée libanaise qui contrôle encore les frontières et possède une présence importante dans l’ensemble du Nord. Toutefois, cette fameuse zone tampon ne serait plus vraiment utile aujourd’hui, puisque, de l’autre côté de la frontière, c’est l’armée syrienne qui a repris le contrôle des régions du littoral jusqu’au rif de Qousseir, laquelle est le pendant de Ersal dans la Békaa. Sauf si l’on veut commencer à créer des troubles dans le pays alaouite qui s’étend au-delà de la frontière nord du côté du littoral. Ce qui serait un développement nouveau dans la crise syrienne et pourrait entraîner une riposte directe de l’armée syrienne au Liban.

Nous n’en sommes pas là et il est certain que les groupes islamistes de Tripoli et du Nord ne veulent pas d’un tel scénario. Dans ce cas, à quoi servent les combats de Tripoli? À exercer des pressions sur le Hezbollah pour qu’il retire ses hommes de Qousseir, affirment certaines figures islamistes, qui annoncent même que les combats à Tripoli se poursuivront aussi longtemps que dureront ceux de Qousseir. Pourtant, selon ses propres dires, le Hezbollah est engagé dans un combat stratégique.

Une drôle d’équation qui plonge chaque jour un peu plus le Liban dans le feu syrien...

related maps:

lebanon map 
lebanon religion map (Clashes 7-10 May 2008)

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http://www.dailystar.com.lb/News/Politics/2013/May-24/218162-hezbollah-opens-historic-wounds-in-qusair.ashx#axzz2U91AXSZ5


Hezbollah opens ‘historic wounds’ in Qusair 

May 24, 2013 
Hussein Dakroub, Niamh Fleming-Farrell Read


BEIRUT: Joining the fight in Syria may be part of Hezbollah’s strategy to defend the resistance, political analysts have told The Daily Star, but the party’s involvement, regardless of the outcome of the conflict there, is likely to alter Sunni-Shiite relations in Lebanon irreversibly. Analyst Qassem Kassir contends Hezbollah has a clear strategic goal, in line with its larger objectives, in joining the fight in Syria.  “The fighting in Qusair is not a gamble by Hezbollah. The party considers it is fighting a strategic battle in Qusair to defend the resistance,” Kassir, an expert on Islamist movements, told The Daily Star.  “Hezbollah has a strategic vision which says that what is happening in Syria is an international battle for Syria’s position. Hezbollah considers protecting Syria similar to protecting the resistance and the party’s arms supply route,” he continued. “Hezbollah is fighting to foil attempts to take Syria to the American-Israeli axis.”  For a fifth consecutive day Thursday, Syrian government troops backed by elite Hezbollah fighters fought rebels in the strategic Syrian town of Qusair just 10 kilometers from the Lebanese border.  Thus far, the party’s losses have been heavy, with bodies returning to hometowns in Lebanon’s north, Bekaa Valley and south.  Kamel Wazne of the Center for American Strategic Studies believes Hezbollah’s participation in Syria is part of a “calculated gamble.”  He contends that the war currently playing out in Syria between Iran and its allies and the U.S.-Israeli axis is one that would eventually have come to Hezbollah in Lebanon.  “The war that is taking place in Syria is the war that should be happening in Lebanon,” Wazne said. “They [Hezbollah] took the fight to Syria to battle it out.”  But, while in Wazne’s estimate, Hezbollah is “preventing the war from moving to Lebanon,other analysts say even though widespread civil strife is not imminent on Lebanese soil, lasting repercussions from Sayyed Hasan Nasrallah’s party’s involvement in Syria will eventually be felt.  Hilal Khashan, a political science professor at the American University of Beirut, agreed that Hezbollah’s actions in Syria have “created a lasting wedge between them and Lebanese Sunnis.”  “Irrespective of the outcome of the Syrian conflict, Sunni-Shiite relations in Lebanon will never be the same again,” he said. “Historical wounds have been opened.”  Even though sectarian clashes in the northern city of Tripoli had Thursday morning killed 16 since Sunday, Hisham Jaber, a retired Lebanese Army general and the current director of Beirut-based think tank the Middle East Center for Political Studies and Research, told The Daily Star he does not think the present divisions will develop into a military conflict.  “Hezbollah’s involvement in Syria will further fuel sectarian divisions,” Jaber admitted, explaining that “Lebanon is sharply divided between Sunnis who are against the Syrian regime and Shiites who support it.”  But, he continued, “I don’t think that this division will escalate into a military conflict.”  Jaber and other analysts contend the appetite for larger scale strife in Lebanon is curbed on a number of levels, with both local and international political actors committed to avoiding any large scale escalation at present.  Wazne pointed out that “at this moment there is agreement between [Lebanon’s] political parties to keep the security situation under great care,” while Paul Salem of the Carnegie Center, Beirut, said Lebanon’s big international patrons are keen to maintain stability here.  Jaber elaborated on this: “There is an international decision to prevent a civil war in Lebanon for now and to keep the status quo as long as the war is raging in neighboring Syria,” he said, adding that Saudi Arabia and Iran, which wield great influence in Lebanon, have no interest in the outbreak of strife in the country.  Meanwhile Talal Atrissi, a Lebanese University Lecturer with expertise on Iran and the Middle East explained to The Daily Star: “Saudi Arabia has no interest in seeing the situation in Lebanon spiral out of control or slide into Sunni-Shiite strife. A sectarian strife in Lebanon will affect the kingdom where there is a Shiite population.”  “Despite Hezbollah’s participation in the Syrian fighting, particularly in Qusair, there are no fears of an outbreak of Sunni-Shiite strife in Lebanon because there is a regional and international decision against destabilizing Lebanon,” Atrissi added.  And while analysts generally don’t deem civil war in Lebanon an immediate threat, they do express concern over the repercussions of the outcome of the Syria conflict on Lebanon.  Should the Assad regime collapse, Jaber, the retired army general, cautioned that civil war will result in Lebanon and other countries.  “If the [Assad] regime falls and the opposition and jihadist groups take control of most of the country, a civil war will erupt in Syria that would lead to the country’s partition,” Jaber said. “The civil war would spread to Lebanon, Jordan, Iraq and Turkey. The situation would be out of control.”  However, if Assad prevails in Syria, Khashan warned that the “the 21st century might become the golden age of Hezbollah.”  “Should Asad’s regime prevail in Syria, Hezbollah’s preponderance in Lebanon will consolidate and it would become virtually impossible to contest it,” Khashan said. “Such a development would place Hezbollah one good step forward toward the installation of an Islamic state in Lebanon.”  He added that the party had never disavowed this objective.  Meanwhile, Carnegie’s Salem wondered if the only fault line likely to be drawn by this latest Hezbollah action was between Sunnis and Shiites.  Hezbollah’s involvement in Syria may also, he speculated, have an impact within the Shiite community in Lebanon, which is now being “asked to fight a different war on a different territory, in a different situation” to that which it traditionally committed to.  So far, Salem said, the Shiite community has absorbed Hezbollah’s decision to become involved in Syria, but he questioned how long their tolerance can endure.

  A version of this article appeared in the print edition of The Daily Star on May 24, 2013, on page 3

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